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Petit délire narcissique pour montrer que l'on peut être mieux que les autres sans pour autant le faire savoir à tout le monde!

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21 novembre 2009

Cinquième acte : La vengeance du mug

Hum, j'ai écrit cette nouvelle quelques jours après mon anniversaire, il n'y aura pas d'autre commentaires... ;) La vengeance du mug Normalement un cadeau est fait pour faire plaisir à quelqu'un. On choisit un cadeau qui pourra être utile et qui fera plaisir à la personne au de-là de recevoir un présent. Je peux comprendre qu'on ne sache pas quoi offrir, mais est-ce une raison pour offrir une horrible figurine de chat qui restera enfermé dans un tiroir tellement c'est laid, avant de la donner à quelqu'un d'autre pour sans débarrasser? Oui, je vais parler des cadeaux empoisonné dont on ne se servira jamais mais qu'on offre car soit on a pas d'idée, soit on a des goûts de chiottes. D'abord: les mugs. Ces tasses décorées de dessins humoristiques, de textes, de photos, de signes astrologiques, sont à première vu de bon cadeaux à offrir car la personne pensera à nous tout les matins en buvant son café/thé/Nesquik. Sauf que des mugs, combien en reçoit on en une vie? Plus que nécessaire. A chaque anniversaire, une personne gentille et bien attentionné vous offrira un mug, vous la regarderais avec un grand sourire en lui disant merci, mais au fond de vous, vous vous direz: "oh non, encore!" Vous auriez préféré que cette personne arrive d'un air désolé en disant: "excuse moi je n'ai pas eu le temps de te trouver un cadeau" et vous lui auriez dit: "ce n'est pas grave, je comprend très bien ne t'inquiète pas, je ne voulais rien de toute façon, ta présence à elle seule me suffit". Mais ce n'est pas le cas, alors votre mug se retrouvera au fond de l'armoire à vaisselle, ou en pot à crayon sur votre bureau, car il n'y a plus de place dans l'armoire à vaisselle et que vous auriez bien aimé que vos amis se cotise pour vous en offrir une autre. Seulement vous auriez dut leurs dire ce que vous vouliez, mais quand vos amis vous on demandé, vous ne vouliez pas parler de l'armoire à vaisselle. Pour ne pas paraître impolie, faire la modeste: "celle qui n'as besoins de rien". Résultat chaque année vous vous retrouvez avec une multitude de choses moche et inutile. Heureusement il y la solution "anniversaire d'amis qui ne savent pas ce que vous avez eu au votre", vous pouvez ainsi impunément et à moindre coût offrir un cadeau à votre amie qui vous maudira quand elle verrat son cadeau et fera pareil que vous à une autre amie, et cetera jusqu'à ce que le présent tombe entre les mains de quelqu'un qui à des goûts... douteux. C'est le raisonnement que je me fis quand je fus seule, une fois mon amie partie. Je me répétais que de toute façon c'était l'intention qui compté et que je devais pardonner le mauvais goût de mes amies et essayer de faire honneur à leur cadeaux. Malheureusement rien à faire, assise sur mon lit, les yeux fixé depuis un bon quart d'heure sur mon mug et ma figurine, je les trouvé toujours horrible à pleurer. Même en fermant les yeux, je voyais ce mug avec ses deux chats squelettiques imprimé dessus. En plus j'étais allergiques aux chats, donc c'était d'autant plus un crime de m'offrir une horreur pareil. Je me dit que mon amie avait voulu me punir de quelque chose pour m'offrir un cadeau comme ça. Je cherchais dans mes souvenirs quelque chose que j'avais fait et qui aurait put la contrarier. Si on remontait trois ans auparavant, le jour où à cause d'une de mes expérience culinaire, elle c'était retrouvé à l'hôpital. Il est vrai qu'elle m'avait assuré que ça n'était pas ma faute et qu'elle me pardonnait, néanmoins c'était un bon motif de vengeance. Mais pourquoi avoir attendu trois ans pour se venger? C'était absurde, acheter un mug avec des sacs à puces dessus ne prenait pas si longtemps. Je me mit à chercher une raison plus récente qui aurait entraîné un tel acte. Comme il me semblait que j'avais eu un comportement exemplaire avec elle depuis au moins un an, je pris le mug pour mieux l'observer, à la recherche d'un indice quelconque qui m'aurait permit d'élucider la cause de cette horrible tasse chez moi. L'intérieur de la tasse était sale, de la poussière était collé au fond et sur les bords. Quand on offre un cadeau, normalement on prend soin qu'il soit propre et présentable? Il était peut-être resté trop longtemps en boutique (ce qui n'était pas étonnant vu sa laideur) et la vendeuse en faisant le paquet cadeau ne l'avait pas nettoyé. Ce qui est normal, si j'étais vendeuse je ne m'embêterais pas à laver les mochetés que les gens achetait avant de les emballer. Pourtant je ne me souvenais pas que le mug fut emballé de jolie manière comme il le sont normalement dans les magasins avec le ruban et la marque dessus. La vendeuse était peut-être inexpérimenté? Non, me dit-je, c'était mon amie qui avait fait ce paquet, j'en était sûre. Je jetais un regard à la tasse qui me semblait maintenant remplie de la cruauté de mon amie. Cette tasse transpirait la vengeance cela m'apparut comme une évidence. Je lâchais brusquement le mug comme si celui-ci était brûlant. Manque de chance il tomba à côté de moi sur le lit. Je me dit que si je le poussais un peu avec mon pied avec un peu de chance il volerait en éclat par terre et cela passerait pour un accident. Au pire mon amie n'était pas obligé de savoir que je l'avais cassé. Curieusement cette idée ne m'apparut pas comme une bonne solution. Je m'étonnais moi même d'avoir des scrupules à casser cet objet, pourtant je le repris pour aller le poser sur mon bureau, caché derrière une montagne de cahier et de feuille volante. Je me refusé d'y jeter un coup d'oeil pendant plusieurs jours, mais même sans le voir sa présence me hantait et je n'avais put tenté de l'oublier quelques jours. C'est incroyable comme les choses que nous tentons d'oublier, nous obsèdent autant, plus j'essayais d'oublier, plus l'existence de ce mug me revenait dans la tête. D'ailleurs souvent l'effet inverse s'opère quand on nous dit de ne surtout pas oublier quelque chose, il y a de bonnes chances que justement on oubli. Donc il faudrait que j'essaye de ne pas oublier que j'ai un mug dans ma chambre pour justement l'oublier. Mais Dieu m'a mit dans un monde bien compliqué où même les raisonnements les plus juste ne fonctionnent pas. Bien sur, des fois je pensais à autre chose dans ces cas là quand j'en prenais conscience je me disais "Chouette! je n'y pense plus" sauf que le problème c'est qu'après je me mettais à y repenser. Je me résolu donc à aller frapper à la source de ce problème, c'est à dire: l'amie qui m'avait offert ce cadeau. Je savais que ce n'était pas correct de ce pointer chez elle en lui disant: "le cadeau que tu m'as offert est vraiment immonde" alors je lui est acheté des fleurs pour que ça passe mieux. Ne mit connaissant pas en jardinage je me remis aux bons conseils de la fleuriste qui me demanda: "c'est pour quelle occasion?". Je réfléchie un instant pour ne pas trop dévoilé mon projet à la fleuriste, je répondit donc que c'était pour une mauvaise nouvelle. Heureusement elle ne me fit aucun commentaire et me fila des chrysanthèmes. Arrivée devant l'appartement de mon amie l'air devint tout de suite irrespirable comme si quelqu'un avait ouvert le gaz. Je me sentais étouffer. J'appuyais fortement sur la sonnette pour que mon calvaire se termine le plus vite possible. J'entendis des pas derrière la porte, je m'encourageais mentalement. Je pris mon souffle pendant que le déclic de la clef dans la serrure retentissait. La porte s'ouvrit et je me mit à hurler: "tu n'aimes pas ma façon de cuisiner?! Et bien moi je trouve ton cadeau horrible à pleurer! Tu peux le reprendre!". Un homme barbu me regardait avec des yeux grand comme des pots de fleurs. Je tirais sa barbe pour vois si ce n'était pas un déguisement. "Vous n'êtes pas Amandine?" murmurais-je avec désespoir. L'homme grogna avant de me claquer la porte au nez. Je m'étais toujours demandé pourquoi dans certains moments nous ressemblions tellement à des animaux. Pourquoi cet homme avait-il grogné plutôt que de me dire "Je suis vraiment désolé mais je ne suis point la personne que vous recherchez"? Mais aujourd'hui j'avais enfin la réponse: parce-que ça va beaucoup plus vite de grogner que de parler. Arriver en un seul grognement à résumé autant de mots me semblait soudain magnifique. Ou alors il était peut-être étranger? Dans ce cas le langage des animaux est universel, même entre humain! Je me sentis toute heureuse d'avoir fait une si grande découverte rien quand me trompant d'étage. Je me sentais plus détendu et prête à affronter la tristesse de mon amie. Cette fois j'allais changer de technique: je frappais à la porte. Ce fut bien mon amie qui apparut. Elle paraissait heureuse de me voir. Elle m'invita à entrer dans son salon. Elle me demanda ce qui m'amenait ici. Mes mains étaient crispées sur les chrysanthèmes comme un naufragé à sa bouée de sauvetage. -J'ai une mauvaise nouvelle à t'annoncer, tu ferais mieux de t'asseoir, dit-je en lui donnant ma bouée de sauvetage. Elle regarda les chrysanthèmes sans rien dire, le visage soudain grave, puis les posa à terre sans y faire plus attention. Je m'offusquais qu'elle ne soit pas plus touché pas la douce intention que je venais de lui offrir. -Alors? Je me débarrassais de mes pensées désagréable pour me concentrer sur ce que j'avais à faire. -Et bien, je comprend qu'il y a trois ans tu ais put avoir envie de te venger mais je ne comprend pas que tu ne le fasses que maintenant, c'est ridicule trois ans après d'avoir encore de la rancune pour ce petit accident domestique! -Je ne vois pas de quelle rancune tu parles, je pense t'avoir déjà pardonné! Je ne put me retenir de pousser une exclamation devant tant de mauvaise fois. -Oui, c'est ce que je croyais, et pourtant à quoi tu pensais en m'offrant un cadeau aussi atroce?! -Quoi? ! Tu parle de la tasse?! -Je suis sûre que tu prémédite ta vengeance depuis le début! Tu ne peux pas nier que tu me déteste après m'avoir fait cadeau d'un truc pareil?! Je vis mon amie se trémousser sur sa chaise, peut-être le signe qu'elle avouait? -Tu pense vraiment que si je te détestais de m'avoir rendu infirme à vie je t'offrirais une simple tasse? -Oui. Elle parut un peu surprise mais elle se tut, je décidais donc d'abréger notre entrevue. Je sortis le mug de mon sac et le posa sur la table. -Tiens je te le rend. Elle resta muette et me regarda partir. Je me sentais vraiment plus légère après avoir dit ce que j'avais sur le coeur, je me mit à chantonner en traversant le hall de l'immeuble. En rejoignant ma voiture sur le parking je jetais un regard à l'immeuble. Mon amie était derrière sa fenêtre, et ferma sèchement les rideaux avec son bras amputé. Je lui fit un geste avant de me dire qu'elle se débrouillait bien avec un bras. Finalement je lui avais peut-être rendu service en jetant sur elle l'huile bouillante de la friteuse.
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29 juillet 2009

Quatrième acte : Ce pourquoi il ne vaut mieux pas être un rêveur...

Des fois j'ai envie d'écrire, mais je n'ai pas vraiment d'inspiration. Un jour où je ne savais vraiment pas quoi faire, j'ai demandé à une amie de me donner un sujet sur lequel j'écrirais une nouvelle, n'importe quel sujet, je prenais le risque. Et puis le sujet est tombé : la langulonomie. Il faut savoir que cette amie a écrit une histoire qui se passe dans le monde des rêves, et qu'il y a une maladie là-bas qui s'appelle la langulonomie. Je me suis donc mise à la tâche, maintenant que j'avais enfin un sujet, mais j'ai dû faire plusieurs essais avant de trouver ce que je voulais vraiment raconter sur cette maladie. J'avais d'abord commencé par me mettre dans la peau d'un chirurgien, mais en écrivant un peu, je me suis aperçue que je ne m'entendais pas très bien avec mon chirurgien, alors le 30 avril j'ai commencé à écrire quelque chose de complètement différent... Je l'ai achevée le 30 mai 2009 et c'est ma nouvelle la plus longue à ce jour.

Voici quelques clefs de compréhension:

Le monde des rêves est habité par les rêveurs décédés, ils sont voués à devenir des monstres.

Les Ohkas, les Drefs et les Sleughs, sont les monstres du monde des rêves. Les Ohkas peuvent se rendre invisible et prendre le contrôle d'un corps. Les Drefs peuvent tuer quelqu'un en le touchant, et sont très rusés. Les Sleughs sont très forts, mais très bêtes.

Juste un message pour l'amie qui m'a offert ce sujet : "La fille aux cheveux rouges, j'espère que tu l'auras reconnue, pour moi c'est un des personnages du monde des rêves qui ne méritait pas de finir torturé. Merci pour ce sujet que j'ai essayé de traiter avec humour. On a déjà parlé des dédicaces au début des livres, on trouve ça nul, mais je te dédie quand même cette nouvelle."

Ce pourquoi il ne vaut mieux pas être un rêveur...

Clovis se réveilla comme chaque jour à 13 heure 06, il ne prit pas le temps de se doucher ni de se raser. Il mit une paire de chaussette de couleurs différentes et enfila son t-shirt à l'envers en marchant sur ses lunettes qui traînaient par terre. En enfilant un pantalon trop petit, il trébucha et tomba sur son chien qui dormait sur un tas de linge sale. Il n'apprécia pas vraiment d'être réveillé en sursaut, même par son maître, et se vengea en lui mordant la main.

Enveloppant sa main ensanglantée dans une chaussette, il essaya de mettre ses lunettes mais une branche s'était cassée, il les laissa retomber avec un chapelet de jurons et chercha en vain ses chaussures. Au comble de l'énervement, il se décida à sortir en pantoufles et partit en claquant la porte derrière lui.

Il s'arrêta un instant sur le pallier, il faisait beau. C'est ce qu'il y avait de bien dans le monde des rêves : il faisait beau tout le temps.


Clovis était célibataire, il n'avait jamais pensé que l'amour pouvait le rendre heureux et encore moins une petite amie. Il se contentait de ce qu'il avait, du reste il ne pensait pas beaucoup à ça. Chaque journée de ça vie était réglée au millimètre près, il s'était organisé comme ça, sans faire attention aux imprévus qui viennent pimenter la vie d'un individu normal. Aujourd'hui était donc une mauvaise journée, il devra aller porter ses lunettes à réparer, mais ce n'était pas vraiment grave, ça le contrariait juste.

Le plus important, se disait-il, c'est de respecter le reste de l'emploi du temps, c'est à dire aller petit-déjeuner à la confiserie l'oncle Salomon, là où il allait chaque jour de l'année depuis six ans.

Il connaissait le chemin par coeur, ça tombait bien, lui qui ne voyait pas à un mètre devant lui. Il marchait à l'aise dans la rue, évitant les lampadaires aussi facilement que s'il les avait vus. En effet, à force de faire le même trajet chaque jour sans dévier d'un centimètre il commençait à bien le maîtriser. Un jour, il s'était même demandé si il ne pouvait pas y aller en continuant à dormir. Il avait donc essayé de se fabriquer un cerveau de nuit, qui, pendant que le sien dormait, s'occupait de le diriger.

Oui, car Clovis son job c'est inventeur. Où plutôt : inventeur pour les Sleughs. Travailler avec un Sleugh est répugnant, mais c'est le seul travail que ce malheureux Clovis ait trouvé. Il faut dire que ce n'est pas un inventeur de génie, il a peut-être beaucoup d'idées, mais elles sont toutes plus absurdes et irréalisables les unes que les autres...

Il n'écouta pas les gens qui lui dirent de chercher un autre métier. Il préféra passer une annonce dans le journal, au cas où une entreprise aurait eu besoin d'un inventeur. Et, à sa plus grande horreur ce fut les Sleughs qui répondirent à son annonce.

Quand ont y pense c'est peut-être mieux pour lui, car les Sleughs sont tellement idiots qu'ils ne s'aperçoivent même pas que Clovis n'a jamais rien inventé pour eux. Il se contente juste de venir à son travail toutes les nuits et de jouer avec ses collègues (d'autres garçons qui ont autant raté leur vie que lui) au nouveau jeu ultra-méga-hyper branché : Je pique ton coeur.


Bref, Clovis continua son chemin vers la confiserie l'oncle Salomon et finit par arriver devant la porte. Et comme chaque jour à 15 heure 22 il poussa la porte et entr... ah non?! Aujourd'hui il ne put entrer dans la confiserie. La porte était fermée à clef. Clovis fronça ses sourcils épais et s'approcha au maximum de la porte pour essayer d'y voir un peu plus clair. Un panneau de bois était posé sur la porte où il était écrit en majuscules énormes (à croire que tout le monde n'y voit rien dans le monde des rêves...) : FERME POUR CONGE MALADIE.

Clovis finit quand même par voir le panneau et resta bouche bée. L'oncle Salomon n'avait jamais fermé en six ans, et il fallait que ça tombe aujourd'hui! Le jour où il n'y voyait rien et que la faim le tiraillait si fort qu'il aurait pu manger un heucheumeucheuh, ces drôles de bêtes à tête de lapin et au corps de teckel, avec un goût si exécrable que même un Sleugh n'en mangerait pas. Il se résolut donc à revenir sur ses pas et à chercher un autre endroit pour petit-déjeuner.

Au bout d'une demi-heure de recherches restées vaines, il se décida à demander de l'aide à quelqu'un. Ce quelqu'un fut une jeune femme aux cheveux rouges flamboyant et à l'air sympathique. Il lui demanda si elle savait où était la confiserie la plus proche.

La jeune femme réfléchit un instant avant de répondre :

-Il y a la boutique des Tistes, je sais qu'ils vendent des bonbons mais je ne vous les conseille pas...

-Ce n'est pas grave! Où se trouve t'elle? interrogea Clovis, déjà rasséréné à l'idée de manger.

La jeune femme lui traça un plan sur une feuille en prenant soin (sur les conseils de Clovis) d'écrire très gros.

Il partit donc, le plan dans une main, et l'autre tendue devant lui pour éviter de faire de mauvaises rencontres (car percuter un Dref n'est pas la meilleure rencontre qui soit, ni un lampadaire d'ailleurs...) et réussit à arriver sans trop de problème devant la boutique des Tistes.

C'était une échoppe dont les produits et la clientèle semblaient plus douteux les uns que les autres, mais Clovis ne voyant rien de bizarre, et ne se rappelant pas les conseils de la femme aux cheveux rouges, appela un vendeur et lui demanda une boîte de bonbons. Le vendeur (un Ohka probablement) lui fit un sourire sournois et lui tendit une boîte verte à l'aspect abject, récupéra sa monnaie sans un mot et le reconduisit à la porte de la boutique.

Clovis qui décidément avait très faim, s'arrêta sur un banc et ouvrit la boîte. À l'intérieur juste quelques bonbons du même vert que l'emballage, gros comme un pouce et couverts d'une espèce de bave verte gluante. Ne s'arrêtant pas à l'aspect extérieur, il en mit un dans sa bouche et le suça un instant. Il fit une grimace de dégoût et s'obligea à l'avaler. Mais pourtant, il y avait toujours quelques chose de visqueux collé à son palais. Il porta la main à sa bouche et en sortit sa propre langue! Au contact de l'air, elle se réduit en une fine poussière qui s'échappa d'entre ses doigts.

Il remit ses doigts dans sa bouche, essaya de la faire bouger mais il dut se faire une raison : ça langue n'était plus là. Il poussa un gémissement qui resta muet, comme il s'y était attendu. Il se contenta donc de baver misérablement sur son t-shirt.


En proie à une crise de panique, il lâcha la boîte qui tomba à ses pieds. Les bonbons se dispersant sur le trottoir. Il envoya plusieurs coups de pieds rageurs dedans et partit en courant, une main devant la bouche, droit chez son médecin.

Il réussit tant bien que mal à rejoindre son logis pour reprendre sa paire de lunettes, qu'il accrocha sur son nez avec des autocollants. Ceux-ci traînaient dans sa cuisine depuis qu'il les avait eus en cadeau dans un lot de yaourt, ils serviraient enfin à quelque chose puisque ses lunettes ne voulaient plus tenir seules. Son chien, ne s'inquiétait pas du tout pour son maître, il le regarda ressortir d'un oeil vitreux avant de se rendormir aussitôt.

Clovis courut comme un dératé dans la rue, manqua de renverser plusieurs personnes sur son chemin, et coupa la route à plusieurs automobilistes. Il était affolé, il se demandait comment perdre sa langue était possible et comment il allait pouvoir expliquer ça au médecin. Il se maudissait intérieurement de ne pas avoir pensé à prendre un de ces bonbons gluants, pour les lui faire examiner.

Maintenant il comprenait pourquoi la jeune femme l'avait mit en garde. Était-elle au courant de ce qui allait se produire? De toute manière, il ne l'avait pas écouté, c'était à lui de s'en vouloir. Il était tellement perdu dans ses pensées, qu'il ne s'aperçut même pas qu'il fonçait droit sur un Dref, il le heurta à l'épaule, mais il ne s'arrêta pas, malgré le flot d'obscénités que le Dref lui adressa. Il était déjà dans la salle d'attente de son médecin cinq minutes plus tard. Comme, bien-sûr il n'avait pas pris de rendez-vous, puisque il lui était impossible de s'exprimer, la secrétaire lui fit comprendre qu'il n'était pas prioritaire. Il s'assit donc sur une chaise et attendit. Le Docteur Titan, un homme plutôt poilu et du troisième âge, eut quand même pitié de Clovis, et l'accueillit dans son cabinet. Après quelques minutes d'un monologue sans réponse, le Docteur tendit un parchemin à Clovis et lui demanda de lui écrire ce qui s'était passé. Clovis saisit le papier et écrivit avec fièvre tout les événements depuis le matin sans omettre un seul détail. Le docteur lut attentivement ce que Clovis avait écrit, fronçant les sourcils devant les fautes d'orthographe, mais il ne fit aucun commentaire. Quand il eut finit, il reposa le parchemin sur son bureau et soupira.

-Mon cher Clovis, je ne peux malheureusement rien faire pour toi. Tu as la langulonomie. La maladie de la langue tombante. La boutique des Tistes est tristement célèbre pour ses bonbons tombe-langue... Les événements n'ont pas joué en ta faveur! dit le docteur d'un air tragique.

Clovis ouvrit grand ses yeux et commença à s'affoler. Comment? Il avait la langulonomie? Il n'allait tout de même pas rester muet toute sa vie! Sans compter les autres inconvénients que de ne pas avoir de langue apportent! Clovis s'empara du parchemin et de la plume du docteur et écrivit rageusement en faisant des petits trous avec la pointe de la plume tellement il était affolé : "Il n'y a pas une solution qui existe? Un espoir?". Le Docteur fit mine de réfléchir quelques instants, avant de répondre d'une voix lasse:

-Si, il y aurait bien une solution... Mais c'est assez long et dangereux... En plus, ce n'est pas vraiment donné... Si vous voyez ce que je veux dire... Clovis ne prit pas la peine de réfléchir, il payerait n'importe quel prix pour guérir, et demanda quelle était cette solution. Le docteur humecta ses lèvres et s'assit derrière son énorme bureau. Il joignit ses mains comme pour une prière, et expliqua l'ultime solution:

-Il existe une clinique, à l'autre bout de la ville, où quelques chirurgiens Tezags exercent. Répondant à la question muette de Clovis, il expliqua que les chirurgiens Tezags étaient des chirurgiens qu'on ne trouvait qu'en Tezagne, une petite province du monde des rêves. Mais les médecins avaient tellement besoin d'eux pour réparer toutes les personnes que les Tistes estropiaient, que certains ont accepté contre une rémunération élevée de s'installer en ville.

-Il faut juste que vous leur apportiez une langue pour qu'ils vous la recolle. Bien-sûr c'est de trouver une langue qui est dangereux! Car il faut le plus souvent attraper un animal sauvage et lui arracher la langue, ce qui n'est pas spécialement une partie de plaisir! Mais au meilleur des cas, vous trouverez peut-être une langue dans un magasin spécialisé!

Clovis connaissait la langulonomie seulement de nom, mais il n'avait jamais entendu parler de magasin spécialisé dans la vente de langues! Le Docteur Titan lui donna l'adresse des chirurgiens, puis celui du magasin de langues le plus proche. En plus de sa consultation, il fit payer à Clovis une nouvelle paire de lunettes. Quand Clovis ressortit dans la rue il y voyait à nouveau très clair, il se dépêcha donc de rejoindre la boutique de langues, pressé que toute cette aventure soit enfin finie. Il finit par pousser la porte d'une superbe boutique ( c'est sûr qu'elle avait une autre allure que celle des Tistes...), peinte en blanc, avec des sculptures en pierre, représentant d'innombrables animaux. L'intérieur de la boutique était aussi blanc que l'extérieur, il y avait juste un comptoir en pierre grise. Une charmante vendeuse était derrière, elle le salua puis, lui prit respectueusement des mains la lettre explicative du Docteur Titan. Elle hocha gravement la tête d'un air compatissant, puis le pria de la suivre. Ses cheveux blonds, remontés en queue de cheval lui tombaient jusqu'à la taille. Une taille qu'elle avait très fine d'ailleurs! Clovis ne put s'empêcher de laisser glisser ses yeux vers le bas de son dos, si bien qu'il ne faisait pas vraiment attention au chemin que la jeune vendeuse lui faisait emprunter. C'était un chemin pourtant très curieux, elle lui fit d'abord passer une porte de pierre qui semblait bien lourde à ouvrir pour elle. Elle l'entraîna ensuite dans un couloir plongé dans l'obscurité, mais la torche qu'elle portait permettait de voir que c'était un couloir de pierres, tout en voûtes, où il faisait froid. Ce qui permit à Clovis de se rapprocher imperceptiblement de la belle blonde. Le couloir débouchait sur une grotte gigantesque, dont les murs étaient tous couverts d'un rayonnage impressionnant de bocaux, qui étaient tous classés par ordre alphabétique. Elle s'avança d'un pas sûr le long des allées, et s'arrêta devant une étagère dont les bocaux étaient tous remplis d'une langue qui flottait doucement à l'intérieur.

-Voilà, c'est ici! Faites le chemin dans l'autre sens quand vous aurez trouvé ce qui vous convient! lui dit-elle avec un sourire éclatant de blancheur. Elle s'en alla, en courant presque sur ses talons d'une hauteur impressionnante. Clovis la suivit des yeux quelques instants, mais fut bien obligé de la quitter du regard, regrettant qu'elle ne reste pas plus longtemps avec lui. Il se tourna donc vers les étagères, et les parcourut du regard. Ce n'était pas très beau à voir. Les langues étaient toutes en bon état. C'était des langues humaines. Il se demanda vaguement d'où elles provenaient. L'idée l'effleura qu'elles venaient sûrement des torturés de la forêt des Sleughs et des Drefs, ça devait bien exister comme torture d'arracher la langue à quelqu'un! Clovis frissonna un instant puis détourna son regard du bocal sur lequel il était resté fixé depuis un certains temps. Il en saisit un dont la langue lui semblait en bon état, et le retourna pour regarder le prix. Il eut un hoquet (muet) de stupeur, et essaya de ne pas lâcher le bocal, qui commençait dangereusement à lui glisser des mains. Il eut bien du mal à revenir de sa stupeur. Il faut dire que le prix était particulièrement élevé, sûrement à cause des échanges commerciaux un peu... sanglants, entre les Ohkas et les Drefs. C'était impossible! Car si il achetait une langue il serait ruiné, et en plus il faudrait qu'il paye ses soins par les Tezags. Il allait être endetté jusqu'à la fin de ses jours! Clovis dut se faire une raison : il devrait attraper un animal sauvage pour lui arracher la langue. Il fit demi-tour sur lui même, et essaya de retrouver la sortie. N'ayant pas vraiment fait attention au chemin à l'aller, il erra entre les rayons remplis de différents organes du corps humain. Quand il se retrouva face à une tête, qui avait encore les yeux ouverts, il poussa un hurlement de frayeur que bien-sûr personne n'entendit, ce qui était peut-être mieux pour sa fierté. Il refit demi-tour en courant, repassa devant les langues, puis devant les doigts et les dents, enfin il aperçut la porte de sortie, ce fut seulement à ce moment là qu'il ralentit. Il reprit sa respiration comme s'il avait marché le plus naturellement du monde et entra à nouveau dans le couloir de pierres. Une torche l'attendait. Il la saisit, manqua de se brûler un doigt et ressortit dans l'entrée de la boutique. La jeune femme était toujours derrière son comptoir. Elle le regarda avec un grand sourire avant de faire la moue quand elle vit qu'il n'avait pas de bocal dans la main.

-Vous n'avez pas trouvé la langue qu'il vous faut? Nous en avons d'autres dans la réserve... murmura t-elle d'une voix douce, en passant sa main dans ses cheveux. Clovis secoua la tête et écrivit sur le papier qu'elle lui tendait : "C'est bien trop cher". La vendeuse fit la moue avec un mécontentement contenu et lui indiqua la sortie. Il était confus, mais une fois dehors il pesta contre elle.


Les chirurgiens Tezags étant à l'autre bout de la ville, il préféra prendre un taxi. Pour indiquer au chauffeur la destination où il voulait se rendre ce ne fut pas une chose facile, même si celui-ci finit par comprendre. Le trafic était fluide, tandis que la voiture était arrêtée à un feu rouge, Clovis regarda par la fenêtre et vit un Dref qui le regardait obstinément avec fureur. Clovis ne s'en souvenait pas, mais c'était le Dref qu'il avait bousculé en allant chez le médecin, et apparemment le Dref se souvenait de lui. Il commença à descendre du trottoir pour rejoindre Clovis, le visage déformé par la haine. Heureusement, juste à temps le feu passa au vert, et Clovis poussa un soupir de soulagement. Il se retourna pour voir le Dref, qui devait vraiment avoir une tête d'ahuri. Mais ce fut lui qui ce retint au bord du siège pour ne pas tomber à la renverse. Le Dref, suivait le taxi en courant au milieu des autres voitures! Et en plus il courait vite! Clovis frissonna de peur et se pencha vers le chauffeur qui apparemment n'avait rien vu (c'est à se demander à quoi lui servait ses rétroviseurs!), et essaya de lui expliquer par des gestes qu'un énorme Dref les poursuivait en courant. Le chauffeur le regardait avec suspicion d'un air de dire qu'est-ce qu'il me veut celui là! Enfin Clovis au comble de l'énervement passa à l'avant, malgré les protestations du chauffeur, et appuya son pied sur le sien pour accélérer. Le taxi bondit en avant pendant que Clovis maintenait son pied appuyé sur les orteils du chauffeur (ce qui devait être très désagréable pour le pauvre homme), qui essayait de garder le cap vers la clinique. Il regarda quand même dans le rétroviseur pour savoir ce qu'ils étaient entrain de fuir. Et, apercevant le monstre, il n'eut plus besoin du pied de Clovis pour appuyer sur l'accélérateur.

Un quart d'heure plus tard, le Dref ne lâchait toujours pas prise, Clovis avait même l'impression qu'il gagnait du terrain. Le chauffeur perdait peu à peu son air serein, quand il arriva près de la clinique, il ouvrit la portière de son passager et lui fit signe de descendre. Clovis, lui même en proie à une crise de panique incontrôlable, essaya de refermer la porte, mais le chauffeur maintenait le bouton obstinément enfoncé. Ce fut une lutte sans pitié entre les deux hommes. Clovis allait en venir aux mains, quand le Dref passa sa grosse tête par la portière.


Les deux hommes se paralysèrent, et le chauffeur surpris retira sans y prendre garde son doigt du bouton qui gardait la portière ouverte. La portière se claqua sur la tête du Dref qui malheureusement n'eut pas le moindre mal, mais par contre perdit son air joyeux d'avoir enfin rattrapé sa proie. Il poussa un rugissement de colère qui se répercuta dans tout l'habitacle. Clovis qui était juste à côté de la gueule du monstre se crut défaillir sous l'haleine fétide qu'il dégagea. Il essaya de s'éloigner doucement de lui, mais le chauffeur le repoussa vers le Dref en y mettant toute sa bonne volonté. Le Dref sourit cruellement, arracha la portière et la jeta sur une autre voiture qui avait le malheur de passer par là. Clovis se recroquevilla sur lui-même pendant que le monstre le regardait en riant comme un bossu, de le voir si ridicule. Quand il eut fini de rire grassement il saisit Clovis par le bras, et le sortit sans ménagement du taxi. Clovis sentit la peur le paralyser. Il savait ce qui l'attendait, il allait être emmené dans la forêt des Sleughs et des Drefs pour être torturé. Il aurait voulut hurler s'il avait eu une langue, tellement il avait peur. Malheureusement comme il n'en avait pas il se contenta de cracher dans l'oeil du Dref. Le Dref loin d'apprécier, brandit son poing pour lui pulvériser la tête. Clovis ferma ses yeux, prêt à recevoir le coup... Cinq secondes plus tard, il s'autorisa à entrouvrir ses paupières pour voir pourquoi il n'était pas encore étendu à terre. Un Ohka retenait le bras du Dref, sous la forme d'un gigantesque troll. Clovis ne revenait pas de sa chance, il s'enfuit à toute jambes, sans demander son reste. Il s'interrogea comment un Ohka avait fait pour être gentil et sauver la vie à quelqu'un. En fait, il s'agissait vraiment d'un troll, de la tribu des pacifistes. Cette tribu parcourait le monde des rêves pour faire le bien, avant d'être entièrement exterminée par les Ohkas quelques mois après que Clovis fut sauvé.

Clovis se retrouva une fois de plus sur la route, à cinq-cent mètres de chez les chirurgiens Tezags. Il y alla à pied en essayant de marcher le plus vite possible, au cas où le Dref aurait réussit à mettre le troll à terre.


Enfin après ses nombreuses péripéties, il arriva face à une baraque en pierre, miteuse, d'où une fumée noirâtre s'échappait grâce à une cheminée branlante. Il réajusta ses lunettes au cas où il se serai trompé d'endroit, mais non c'était bien là. Un énorme panneau de bois indiquait l'entrée du cabinet des chirurgiens. Clovis poussa le petit portail et frappa à la porte comme le demandait poliment un petit écriteau. Une femme aussi laide et aussi vieille que la maison lui ouvrit, et le fit passer dans une salle d'attente. Elle revint avec une ardoise qui ressemblait fort aux tuiles du toit

qu'elle donna à Clovis avec une craie.

-Avez-vous déjà une langue monsieur? demanda la vieille d'une voix chevrotante. Le voyant répondre par la négative, elle saisit un énorme téléphone rouge, et composa un numéro. Elle appuya le combiné contre son oreille, et quand la personne à l'autre bout du fil répondit, elle se mit à crier :

-Allô? Allô????? Achim, mon p'tit gars faut que tu viennes tout de suite, j'ai un client pour toi! avant de raccrocher brutalement et de faire un sourire édenté à Clovis. Quelques minutes plus tard un jeune homme, vêtu d'une chemise de bûcheron et d'un jean troué fit irruption par la même porte que Clovis avait empruntée. Il se dirigea vers son client et le prit par le bras. Une fois dehors il lui fit faire le tour de la maison, pour rejoindre le jardin en friche, ou quelques heucheumeucheuhs broutaient tranquillement. Ils s'arrêtèrent devant l'enclos, et le jeune homme se tourna vers Clovis :

-Alors mec, comment tu vas? Clovis qui avait gardé son ardoise lui répondit que ça n'allait pas très fort en ce moment. Le garçon rigola et lui répondit :

-Ouais, je comprends mec! T'as plus de langue, et en plus tu vas devoir arracher celle d'un heucheumeucheuh, t'as pas de bol! Clovis sursauta, et tourna la tête vers les heucheumeucheuhs, en faisant la grimace. Il respira profondément et demanda à Achim comment il fallait s'y prendre.

-C'est pas dur mec, il faut que tu t'approches doucement de la bestiole pour pas l'affoler. Ensuite tu l'attrapes par la queue, tu mets ta main dans sa gueule, tu chopes la langue et tu tires jusqu'à ce qu'elle cède. C'est vachement facile! Tu trouves pas mec? Clovis secoua vivement la tête de droite à gauche, et lui demanda s' il ne pouvait pas le faire pour lui. Achim devint sérieux et lui mit la main sur l'épaule.

-Mec, j'ai des consignes strictes. La vieille elle va me killer si je le fais à ta place! C'est comme ça. Mais t'inquiètes, je suis là si t'as un blème. Clovis le comprenait bien, et lui fit savoir qu'il ne lui en voulait pas. Il allait le faire lui même. Achim lui attacha un tablier pour ne pas qu'il se salisse, et ouvrit la porte de l'enclos. Quand Clovis pénétra à l'intérieur, il lui chuchota à l'oreille : "Good luck mec". Clovis s'accroupit pour ne pas effrayer le troupeau et s'approcha d'une bête qui avait l'air en bonne santé. Il ne dut pas y aller assez vite, où alors il fit trop de bruit, mais son regard croisa les yeux de la tête de lapin, qui lui tira la langue et s'enfuit en poussant des braiments dans tout le jardin. Les autres heucheumeucheuhs s'affolèrent et se mirent à courir partout. Clovis ne savait plus quoi faire, il se tourna donc vers Achim qui s'autorisa à crier, vu que de toute façon les heucheumeucheuhs étaient déjà affolés :

-Vas-y mec! Te laisse pas faire, chopes en un! Là! Celui-là chope le par la queue! Clovis se retourna et tendit sa main au hasard. Elle frôla le derrière d'un heucheumeucheuh, qui courut de plus belle en ruant. Clovis se précipita à sa suite. Le pauvre suait à grosses gouttes en essayant d'attraper la queue de l'animal, qui n'était pas près de se laisser faire. Après trois tours de l'enclos à toute vitesse, Clovis n'en pouvait plus. Il s'appuya contre la clôture pour reprendre sa respiration, mais Achim arriva et le poussa à continuer. Clovis, au bord de l'évanouissement trottina péniblement derrière un heucheumeucheuh, et, au prix d'un dernier effort, il se bascula vers l'avant et tomba la tête la première dans le gazon, mais eut le bras assez long pour saisir (enfin) la queue d'une de ces drôles de bêtes. L'animal qui avait ralenti devant le peu de danger que Clovis projetait, eut un sursaut de frayeur, et se mit à galoper tout autour de l'enclos. En traînant Clovis derrière lui. Mais il était bien décidé à ne pas la lâcher. Après une dizaine de tours, la bête commença à fatiguer, puis au bout de dix minutes supplémentaires, elle s'écroula épuisée. Il fallait dire que Clovis n'était pas l'homme le plus léger des rêveurs... Clovis se releva à bout de forces, et s'assit sur l'animal qui eut le souffle coupé et poussa un gémissement de douleur. Clovis prit le temps de reprendre son souffle, essayant de faire le plus de mal possible à la malheureuse bête. Enfin il se releva maintenant la bête au sol, en la tenant par ses oreilles de lapins. La pauvre bête essaya de retrouver un peu de souffle, sa langue traînait par terre, pour trouver un peu de fraîcheur sur l'herbe. Clovis sourit devant la bêtise des animaux. En ne pensant même pas qu'il s'était lui même couvert de ridicule, accroché à la queue d'un heucheumeucheuh, puis surtout couvert de boue. Il ne ressemblait plus à rien. Il profita donc de la bêtise de la bête pour attraper sa langue à pleine mains. Au moment où il allait tirer, il hésita, il avait peur d'infliger cette souffrance à cette pauvre bête. Lui, Clovis, un bon gars qui ne ferait pas de mal à une mouche! aurait dit sa mère. Mais cette hésitation ne dura qu'un dixième de seconde, car s'il voulait retrouver l'usage de la parole, il n'y avait que cette solution, et il n'avait pas l'intention de rester muet toute sa vie pour permettre à un heucheumeucheuh de garder sa langue, dont il ne se servait que pour pousser des braiments atroces. Il raffermit sa prise, prit une grande inspiration, puis tira d'un coup sec. Un déchirement atroce, suivit d'un long silence se répandit dans l'enclos.

Clovis était là, la langue de l'heucheumeucheuh dans la main, proche de l'évanouissement.

-Ouais mec! J'étais sûr que t'allais y arriver! Ramène-toi, le doc va te la recoudre! cria Achim ne cachant pas son enthousiasme. Clovis pâle comme un linge, s'avança à pas lent vers la porte, les heuchemeucheuhs s'écartant sur son passage. Achim lui ouvrit la porte, et examina minutieusement la langue.

-Parfait mec! On dirait que t'as fait ça toute ta vie! Clovis aurait bien aimé répondre que c'était la dernière fois de sa vie qu'il faisait un truc pareil. Avant de retourner dans la clinique, il jeta un ultime regard à la bête, qui essayait de reprendre ses esprits, du sang coulant d'entre ses babines. Il en eut presque les larmes aux yeux. Achim le prit par le bras et le réconforta.

-T'inquiète mec, ils ont tous été élevés pour ça, et puis ils feront de la pâtée pour chien après, ils ne seront pas perdus! Clovis hocha la tête en se promettant de ne plus jamais acheter de la pâtée de heucheumeucheuh à son chien. Il serra la main de Achim qui était quand même quelqu'un de bien, puis retourna voir la vieille qui l'attendait.

-Alors monsieur ça c'est bien passé? Apparemment très bien! Suivez moi, les chirurgiens vous attendent. Clovis se surprit à sourire, enfin ses mésaventures allaient être terminées et il allait pouvoir reprendre une existence normale. Ils montèrent à l'étage, la vieille allant bien trop lentement au goût de Clovis qui aurait bien aimé la pousser par le derrière, qu'elle avait bien trop gros d'ailleurs. Sur le pallier, il y avait juste deux portes. Elle le pria de passer par la deuxième. À l'intérieur d'une pièce vaste et mal éclairée, se tenaient trois hommes. Ils étaient petits, de couleur blanche tirant sur le jaune et les cheveux bleus, et surtout ils étaient tout les trois identiques. Ils portaient tous une blouse blanche, avec le même stylo dépassant de la même poche. Cette blouse ne laissait aucun doute à leur identité, c'étaient les chirurgiens Tezags. L'homme qui se tenait à l'extrême droite prit la parole, pendant que la vieille partait en claquant la porte derrière elle.

-Bien. Nous allons pouvoir commencer maintenant. J'espère que vous êtes prêt? dit-il d'une voix doucereuse. Clovis agita frénétiquement la tête de haut en bas, déjà certain qu'il allait regretter d'être venu jusqu'ici. Un autre des chirurgiens lui montra le lit au milieu de la salle :

-Allongez-vous, n'ayez pas peur. Nous n'allons pas vous faire de mal... Clovis était encore plus terrifié, néanmoins il s'approcha du lit et s'allongea. Comme ceci il ne pouvait plus rien voir de ce qui se passait dans la pièce. Il entendait les chirurgiens parler dans une langue inconnue. Soudain le chirurgien qui n'avait pas encore parlé (à moins que ce ne soit le même, ils étaient tellement durs à reconnaître...) surgit dans son champ de vision si brusquement que Clovis faillit avoir une attaque.

-Il faudrait peut-être que vous nous donniez la langue monsieur?! Clovis lui tendit, essayant sans succès de maîtriser sa main qui tremblait comme une feuille. Le Tezag partit laissant place à un autre qui lui dit :

-Nous allons pouvoir enfin commencer. Je vais vous anesthésier, ne bougez surtout pas! Clovis ne risquait pas de bouger tellement il était tétanisé par la peur.

-C'est ce qu'on appelle un "tue-mouche", dit le chirurgien en montrant à Clovis un flacon sale remplit d'un liquide vert. Il suffit que vous avaliez son contenu pour vous endormir comme une mouche! Sauf qu'en général les mouches ne se réveillent pas! Le Tezag partit dans un grand éclat de rire tonitruant, puis se rapprocha doucement de Clovis en retrouvant son sérieux. "Mais vous n'êtes pas une mouche n'est-ce pas?" Clovis secoua la tête d'un air très peu convaincu.

-Alors vous n'avez rien à craindre. Vous ne sentirez aucune douleur. Le chirurgien appuya de sa main la tête de Clovis contre le lit, puis lui enfonça un énorme entonnoir dans la gorge. Juste quand le chirurgien allait verser le liquide dedans, il entendit les autres chirurgiens aiguiser des couteaux, et mettre en route une énorme tronçonneuse. Le Tezag qui s'occupait de lui lâcha alors d'un air joyeux : "C'est parti!". Clovis allait protester mais le liquide coula dans sa gorge, il eut juste le temps d'apercevoir au-dessus de lui un des chirurgiens, tenant un énorme scalpel au dessus de lui.



Plus rien. Le silence complet. Le noir complet. Clovis se dit qu'il était mort, ce qui n'était pas très étonnant s'il s'était fait charcuter comme il en avait l'impression par les trois chirurgiens Tezags. Il se dit alors que si la mort s'était comme ça tout le temps, ça allait tout de suite devenir très ennuyeux. Parce-que quand même passer l'éternité dans le noir, y a rien de plus gonflant. Soudain il perçut un changement de luminosité.

-Ah la lumière divine! Clovis fut surpris. Quelqu'un qu'il ne connaissait pas venait de parler. Puis il s'aperçut que c'était lui même qui avait dit ces mots, mais avec une voix qui n'était pas la sienne. Il tenta de refaire un essai:

-Au moins ces chirurgiens m'ont recollé une langue, dommage qu'ils m'aient tué, car tout serait parfait! C'était bien lui qui avait parlé, mais avec une voix horriblement aigue et nasillarde.

-Mais non mec, t'es pas mort! Allez, bouge-toi un peu!

"Tiens à qui est cette voix" se dit Clovis qui était sûr que celle-ci n'était pas la sienne. Puisque la personne avait dit qu'il n'était pas mort, il essaya d'ouvrir les yeux, et, oh surprise! Il était dans une toute petite chambre, au papier peint défraîchi. Achim était assit sur le bord de son lit.

-Eh bien, j'ai crû que tu te réveillerais jamais mec! Faut que tu libères vite la place, y'a un autre gars qui va bientôt en avoir besoin!

-Mais je suis vraiment vivant? demanda Clovis avant de grimacer en entendant sa voix. Achim lui répondit que oui. Mais, j'ai une horrible voix! se plaignit-il. Achim éclata de rire.

-Oublie pas que t'as une langue d'heucheumeucheuh dans la bouche! Mec, maintenant que ça va mieux tu devrais partir, allez, je te raccompagne. Achim l'aida à sortir du lit puis à descendre les escaliers. La vieille dame l'accueillit à bras ouvert:

-Monsieur! Il est temps de payer! Clovis sortit son portefeuille paya la somme rondelette qu'il lui devait, serra Achim dans ses bras, ne dit pas un au-revoir à la vieille, et partit. Il se dit que enfin il allait pouvoir reprendre sa vie normale, sauf que au bout du carrefour un Dref qui ne lui était pas inconnu attendait encore...

Fin

6 juillet 2009

Troisième acte : Le Dernier Jour

Le Dernier Jour : encore une nouvelle inspirée d'Indochine! Quoique, pas volontairement... Pendant le mois de janvier j'ai commencé à écrire cette nouvelle, mais je n'avais pas vraiment d'inspiration pour la continuer alors je l'ai laissée tomber un moment. Quand le nouvel album d'Indochine est sorti (La République des Meteors le 9 mars), j'ai remarqué qu'une des chansons s'intitulait Le Lac, et ça m'a refait penser à cette nouvelle abandonnée où justement une des scènes se passait dans un lac. C'était vraiment un drôle de hasard, alors j'ai repris ma nouvelle, je l'ai réarrangée et j'ai réussi à trouver une fin assez potable pour la clore. Ça m'a quand même pris au moins 3 mois, vu que je l'ai finie le 27 avril 2009. Je suis contente de l'avoir finie, même si des nouvelles, j'en ai commencé pleins et je ne les ai jamais terminées, car elle, c'était un peu bizarre la manière dont son inspiration m'est venue. J'étais devant mon ordinateur, et j'avais hyper mal à la tête, je regardais juste l'écran sans rien faire. Puis j'ai eu comme un flash, et je me suis mise à écrire trois pages sans m'arrêter comme si j'étais fiévreuse, puis j'ai arrêté, et les autres jours je n'arrivais plus à la reprendre. Il m'a fallu un mois et demi pour m'y remettre et changer beaucoup de choses de mes trois pages d'origines pour pouvoir continuer! C'est encore une histoire triste, mais j'ai réussi à mettre pleins de jeux de mots et à me faire rigoler toute seule! Donc finalement c'est triste mais drôle! Quand j'eus (enfin) fini, je ne savais pas du tout quoi mettre comme titre, car le seul qui me venait à l'esprit c'était Le Dernier Jour, le titre d'une des chansons du dernier album d'Indochine, je trouvais que ça collait assez bien à la fin de l'histoire alors je l'ai laissé (même si c'est un peu énervant de faire que des trucs en rapport avec Indochine, je fais pas exprès...).

Le Dernier Jour

Je m'accordais enfin une petite pause, juste une minute avant de repartir. Ce rallye s'annonçait plus dur que je ne l'avais prévu. Monter jusqu'au sommet, et continuer même au delà, regrimper par dessus les formes irréelles qui s'étendent devant moi, voilà le parcours qui m'attend. Je n'ai que vingt quatre heures et ce chemin me semble interminable. Ça ne fait que soixante minutes que je marche, mais les dénivelés du chemin abrupt me donnent bien du fil à retordre. Je sais que je ne pourrais pas abandonner, je suis peut-être trop déterminée mais la compétition agit sur moi comme un chant m'appelant, m'encourageant à continuer sans m'arrêter. C'était ma première et ma dernière pause, je voulais juste reprendre de l'air, je repartis donc d'un bon pas après avoir respiré profondément.                                                                                           Presque une heure plus tard, j'avais l'impression de ne pas avoir avancé d'un pouce, le même paysage défilait devant mes yeux et les mêmes cailloux bordaient la route, et la pente était toujours vertigineuse. J'avais la gorge sèche, mais je ne me serais arrêtée pour rien au monde, perdre rien qu'une minute aurait été comme abandonner la course. Je m'éclaircis la gorge et allongea encore le pas malgré mes mollets qui protestaient. J'essayais de me concentrer sur les voies partant dans des directions opposées et me laissant une marge d'erreur importante. Je regardais ma carte, je vis avec horreur que la sueur qui dégoulinait de mes mains avait fait couler l'encre du plan. Heureusement j'avais bien étudié la carte avant de partir et je n'hésitais qu'un dixième de seconde. Celle qui monte le plus, celle qui a l'air la plus ardue, la plus dure à gravir, celle qui vous décourage rien qu'en la regardant, ce fut elle que je choisis. J'étais sûre que c'était elle qui allait m'emmener au sommet. Je le sentais dans tout mon être, et la poussée d'adrénaline qui monta en moi me propulsa en avant. Je me mis à courir, les pierres roulaient sous mes pieds. Je trébuchais et tombais à genoux dans la terre, m'écorchant les mains sur les pierres tranchantes mais rien ne m'aurait empêché de continuer mon ascension. Même si j'avais été mourante j'aurais continué. Je me relevais et continuais à la même allure. J'avais conscience de courir trop vite. La poussière volait autour de moi et me brûlait encore plus la gorge, je toussais, crachais, m'étouffais et retombais cette fois la tête la première. Toutes mes forces m'abandonnaient, la poussière qui m'étranglait m'achevait lentement. J'essayais de me relever mais je retombais sur le dos lourdement. Ma vue se brouilla et je me sentis fondre, couler doucement, ne faire plus qu'un avec le sol. J'étais presque entièrement ensevelie par la boue, je levais la tête et essayais de crier malgré l'irritation de ma gorge mais la terre rentra dans ma bouche. Je restais ainsi, pendant quelques minutes la terre m'aspirait de plus en plus profondément. Bizarrement je pouvais respirer, l'air présent dans la terre me permettait quelques inspirations. Enfin mon dos s'arqua et je le sentis libre. Étais-je au centre de la terre? Ma tête, mes bras et mes pieds furent les derniers à sortir et je fis une chute de plusieurs mètres. Je tombais lourdement, la terre sableuse dont j'étais prisonnière me retomba dessus comme une douche. Je me relevais doucement un peu sonnée et époussetais mes vêtements. Je retirais mes chaussures et les vidaient de la poussière et des cailloux accumulés à l'intérieur sur un carrelage en dallage noir et blanc. Mes larmes tracèrent deux traîné humides qui éclaircirent mes joues devenues grises à cause de la saleté. J'étais dans une grotte sculptée de toutes parts de motifs incroyablement beaux et sinistres, un lierre démesurément grand et d'un vert presque fluorescent encadrait l'unique porte de la pièce. Une porte que je serai incapable de franchir, le trou par lequel j'étais arrivée ici n'était plus qu'une voûte de roche inégale. Et ma seule issue était cette porte, une porte de six mètres de hauteur sur deux de large. La serrure était si immense que j'aurais pu y tenir à quatre pattes si j'étais assez grande pour l'atteindre. J'eus beau pousser, tirer, crier au secours, la porte resta désespérément fermée. La lumière qui venait de l'énorme serrure commençait à décliner lentement. Je ne savais plus depuis combien d'heures j'étais là à pleurer sur mon sort et sur le rallye que j'avais perdu.                        Soudain il y eut un moment d'obscurité complète et un court déclic se fit entendre de la porte. Je restais pétrifiée et regardait la porte s'ouvrir timidement et la lumière revenir progressivement. Un jeune homme à la silhouette androgyne apparut et referma la porte derrière lui. Il était de la même taille que moi et il avait sans mal réussi à ouvrir cette porte gigantesque! Comment avait-il pu s'y prendre? Je devais avoir l'air ébahie mais lui était presque pire que moi. Son expression trahissait une incompréhension totale et il resta bêtement devant moi à m'observer. Il sembla enfin se reprendre et fit quelques pas vers moi et me tendit une main d'un blanc immaculé, une main de bébé innocent qui ne connaît rien de la vie et du dur labeur, une main douce et propre. Je la saisi sans me faire prier, il tressaillit devant la dureté de la mienne et je desserrais mes doigt qui emprisonnaient les siens comme dans un étau. Il ne dit rien et m'entraîna avec lui. Devant la porte, il lâcha ma main pour sortir une minuscule clé de sa poche. Il leva les bras vers le plafond et la clé lévita jusqu'à l'énorme serrure et quand elle fut à l'intérieur elle enfla jusqu'à ce qu'un déclic retentisse. Elle rapetissa et il la remit dans sa poche et me reprit par la main en poussant la porte de sa main libre. De l'autre côté il referma la porte de la même façon qu'il l'avait ouverte. Je me tournais vers la vision qui s'étendait devant moi. Un lac. Un lac gigantesque. L'eau était foncée, épaisse à certains endroits et des corps flottaient doucement a la surface. Il y avait de tout. Des femmes, des enfants, des hommes, des animaux... Une barque nous attendait, amarrée à la rive d'herbes sèches. Je suivis le jeune homme qui me faisait penser par son apparence à un elfe et je grimpais à l'intérieur à sa suite et je pris les rames. Il s'assit en croisant les jambes et me regarda transpirer sous l'effort, j'avais l'impression de ne pas avancer dans l'eau mais de soulever des corps sans vie qui retombaient de mes rames en m'éclaboussant de sang, la sueur collait mes cheveux et mes vêtements contre ma peau. Le soleil était à l'horizon et me transperçait de ses rayons. Je ne savais pas ou nous allions, je m'en allais donc dans n'importe qu'elle direction en essayant d'oublier mon étrange compagnon. Il se rapprocha soudain de moi en me faisant signe de continuer à ramer et me montra du doigt l'eau. Elle était rouge. Rouge comme le sang mais aucun cadavre n'était ici, ils étaient tous au bord et nous étions parvenus au milieu du lac. Il me tendit un bonbon orange, je le pris et le suçais doucement. J'eus l'impression qu'un baume avait recouvert ma gorge et mon palais d'une douceur incomparable et je compris que toute trace de la poussière qui m'irritait tellement et m'empêchait de parler s'était envolée. Je le remerciais de ma voix éraillée, mais il ne me répondit pas, il regardait la rive qui approchait. Il sortit de la barque et m'aida à accoster. Maintenant que je pouvais parler sans me torturer, je mourrais d'envie de tout savoir de lui, mais à chaque question que je lui posais il secouait la tête en signe de négation et restait muet. Je descendis de la barque et je foulais la plage de sable fin, le soleil qui allait presque bientôt disparaître de l'autre côté du lac colorait le sable d'une douce lueur rose qui baignait l'atmosphère d'une lueur paradisiaque. Je me dis que l'eau devait être chaude à cette heure. Je décidais de ne plus faire attention à l'adonis muet qui m'accompagnais et me débarrassais de mes vêtements. Je plongeais dans le sang chaud, je me fichais de ces cadavres, le liquide pourpre brûlant me faisait du bien. Au bout d'un moment, le garçon me fit signe de sortir et il me tendit un bout de tissu noir. C'était sa chemise, je l'enfilais. Il m'arrivait mi- cuisse mais ça me convenait. Il me reprit par la main et m'emmena au pied d'un cocotier. Une échelle de corde était là, il me fit grimper devant lui et arrivés tout en haut de l'arbre, il me prit sur ses épaules. A cette hauteur, je pouvais toucher les nuages, il me fit le signe dans attraper un. Ce fut à cet instant que je remarquais la soif qui me taraudait. J'en saisis un avec la plus grande délicatesse. On m'avait toujours dit que ce n'était que des gouttelettes d'eau mais c'était bien plus que cela. C'était vaporeux mais je pouvais le saisir et le manier à mes envies, je suis sûre que si j'avais voulu redescendre de l'arbre avec j'aurais pu. Je le bus jusqu'à la dernière goutte. Le garçon me fit sauter d'arbre en arbre, les arbres étaient près des uns des autres mais j'avais l'impression de voler. Voler jusqu'en haut d'une montagne. Arrivés au sommet de la montagne, il me montra le paysage et la distance parcourue. C'était ici que j'avais voulu aller, c'était l'endroit d'arrivée de la course. A une centaine de mètres de moi, une énorme banderole "Arrivée" coupait la route et les stands de rafraîchissements se tenaient derrière. Il n'y avait pas beaucoup de monde, sûrement qu'il était encore trop tôt pour qu'un coureur arrive. Une montée d'adrénaline s'empara de moi, je riais toute seule : "j'allais gagner!". La chose la plus importante pour laquelle je m'entraînais depuis plusieurs semaines allait arriver à sa fin, et c'est moi qui en serais la reine. Je me tournais vers mon sauveur qui m'avait fait prendre ce raccourci incroyable alors qu'il ne savait même pas où je voulais aller et sans qui mon rêve n'aurait pu se réaliser. Il me regarda, ses yeux doux avaient le regard bienveillant que j'avais toujours cherché auprès des personnes de mon entourage. Ses lèvres fines esquissèrent un sourire et n'y tenant plus je me jetais dans ses bras. Il parut surpris mais me frôla doucement les épaules avant de m'éloigner de lui. Je le regardais de peur de l'avoir blessé mais son sourire était toujours là. Il me montra l'arrivée et prononça ses premier mots depuis notre rencontre.                                      -Va. C'est là-bas que tu dois être, là est ta vrai place. Moi... je ne suis que de passage pour te montrer où il faut te rendre. Nous ne nous reverrons jamais, mais... bonne chance. Il se retourna et s'engouffra dans la forêt. Je n'avais qu'une envie c'était de le revoir et de lui demander des explications sur le monde si étrange qu'il m'avait fait traverser. Je ne réussis à distinguer entre les cocotiers qu'un étrange jeune garçon vêtu de noir, des ailes d'un blanc éclatant dans le dos, s'envoler au loin... Mais ce n'était pas mon jeune homme, celui là avait la tristesse imprimée sur ces traits et l'expression d'un repentir profond et des ailes dans le dos, mon jeune homme au si beau visage s'en était allé par un autre chemin où il m'était impossible de le voir. Ma déception ne dura qu'un quart de seconde car je me dirigeais déjà d'un bon pas vers l'arrivée, j'avais quitté la chemise de mon sauveur et mes vêtements de randonnée et mes tennis étaient revenus à leurs place. Tout le monde m'acclamait! En 15 heures, j'avais fait ce qui devait être fait en 24. La médaille d'or était pour moi. Néanmoins je me sentais fatiguée, trop fatiguée. Je me repassais en boucle les cadavres dans l'eau de sang que j'avais déplacés sans état d'âme. Qu'étais je devenue? Pour gagner un simple rallye, j'avais commis tant d'atrocités! Non, me répétais-je sans cesse. Ce n'est pas ta faute, c'est la faute du garçon! Je me sentais étouffer, mourir doucement sans autres amis que mon repentir et ma douleur. C'était bien le même garçon qui m'avait accompagnée jusqu'ici et celui qui s'était envolé dans la nuit. C'était un ange... de mort. Je ne savais que faire, j'avais beau appeler à l'aide, personne ne venait me secourir. J'avais beau supplier Dieu, rien ne se passait. La vie me quittait et la mort prenait sa place. Me remplissant de douleur sans pour autant m'apaiser je poussais mon dernier souffle qui tel une bourrasque de vent me précipita en enfer.

Journal du lundi 16 mars 2009                                       Le petit journal des gens paranormaux!

Aujourd'hui : -Nous revenons sur l'étrange mort du rallye des Hot-Dog. Explication page 2!

-En exclusivité les nouvelles prédictions du mage Ulysse 31ème du nom! Page 3

-Une nouvelle apparition à côté de Dijon, les morts forment-ils une armée? Notre avis page 4!

-L'écume de la mer méditerranée supprimerait-elle les chenilles des laitues? Nous avons testé page 5!

-En invité cette semaine l'écrivain du livre culte : E.T. vit parmi nous! Interview pages 6 et 7!

-Brèves paranormales. Pages 8, 9, 10 et 11!

-Courrier des lecteurs. Page 12 !

Le jeune homme ouvrit le journal jusqu'à la page 2 et commença à lire l'article écrit par un certain : John Yhalidée.

Samedi 14 mars 2009 Volta Reine, une jeune employée de 25 ans au service confection de la saucisse, a trouvé la mort lors du 22ème rallye annuel de l'entreprise Hot-dog qui partait de la forêt de Hairquellie pour arriver à la plage de La Borgnemanchote. Ce rallye, qui est organisé par la plus grande entreprise distributrice de hots-dogs dans le monde, pour ses employés, doit être fait au maximum en 24 heures, en sachant que le parcourt fait 86 km et que l'heureux vainqueur gagne une promotion au sein de l'entreprise et ceux ayant mis moins de 24h une hausse de salaire. Ce qui entraîne une véritable concurrence entre les employés et selon la polémique : un meurtre. En effet, la jeune Volta fut retrouvée par des organisateurs du rallye, quand ils faisaient une ronde pour ramasser les concurrents fatigués ou blessés. Léona M. une organisatrice du rallye était là lors de la découverte du corps et malgré son état de choc a accepté de nous accorder une interview. "Nous venions tout juste de parcourir 10 km dans le 4x4 quand nous aperçûmes un corps à terre. Il ne bougeait pas, nous descendîmes rapidement avec la trousse de secours, et là je m'en souviendrai toute ma vie j'ai vu la pauvre Volta. Ses yeux étaient resté ouverts et sortaient de ses orbites, son visage était pétrifié dans un rictus d'horreur, ses vêtements étaient imprégnés de son sang qui formait une mare autour d'elle. Et elle s'était à moitié arraché les cheveux tellement la douleur était forte...".                                                                                                                                                 La police venue sur les lieux déclara qu'il s'agissait d'un meurtre, "les candidats étant prêts à tout pour gagner, cela donne un bon mobile au crime et la mare de sang dans laquelle baignait la victime ne fait aucun doute sur l'utilisation d'une arme quelconque" déclara un policier. Malheureusement l'autopsie de Volta déclara qu'elle n'avait pas été assassinée mais qu'elle n'était pas morte de mort naturelle, un mystère donc encore entier que nous avons essayé de résoudre pour mieux comprendre ce qui a pu se passer.                                                  Volta Reine d'après son médecin était une jeune fille robuste et qui n'avait aucun problème de santé, même pas une allergie, et elle s'entraînait depuis des mois pour le rallye, elle était donc en parfaite forme physique! Son expression d'horreur laissée sur son visage nous apprend qu'elle a dû voir quelque chose de monstrueux, le rallye se passant dans la forêt et le sang autour d'elle mais aucune trace de blessure, montrerait qu'elle pourrait s'être fait attaquer par un être maléfique! Sa mort se passant dans l'après-midi exclut les vampires et les loups garous mais restent les lutins! Ces petits êtres microscopiques et dénués de sentiments et ayant un goût prononcé pour le sang (Je précise que nous ne parlons pas des lutins du père Noël qui eux sont des lutins domestiques plus gros car nourris aux biscuits, mais des lutins sauvages). Les lutins voyant un grand nombre de chair fraîche passer, furent mis en appétit et s'attaquèrent à une victime isolée, c'est pour ça que le corps fut retrouvé sur le bas côté et non sur la route, les lutins ne voulant pas attirer l'attention préférèrent la mettre à l'abri des regards. Et si on est attentif, on remarque un signe d'agression! Elle ne s'est pas arraché les cheveux de douleur, ce sont les lutins qui l'ont tirée par les cheveux et l'ont vidée de son sang avec leurs dents si minuscules (plus petites que le nanomètre!) qu'on ne les voit même pas imprimées sur sa peau. Bien sûr, ne vous inquiétez pas, les lutins n'agissent qu'une fois tous les 50 ans, un humain ayant 5 litres de sang et qu'il en faut 25cl pour endormir un lutin. Malgré tout la pauvre Volta ne méritait pas de mourir ainsi et c'est donc avec une grande tristesse et nos condoléances pour la famille que nous vous avons appris la vérité.                                                   

                                                                                                                                                            John Yhalidée

Le jeune homme referma le journal en soupirant. Rien de ce qui était écrit dans cet article sur la mort de Volta n'était vrai, c'était lui qui l'avait guidée vers la mort. Il avait été la chercher pour la conduire vers son lieu de repos éternel sur ordre de son maître. Il n'aimait pas ce travail, vivre parmi les humains et les emmener vers la mort, malheureusement il fallait qu'il exécute sa peine jusqu'au bout, car c'était cela l'enfer. Il jeta le journal à la poubelle et partit dans la rue tel un ange de mauvaise augure.

Fin

24 juin 2009

Deuxième acte : Alice au pays des Merveilles

Ma deuxième nouvelle n'a pas vraiment nécessité beaucoup de recherches pour son titre, comme j'ai juste repris celui de Lewis Carroll, je ne voyais pas comment l'appeler autrement, tellement ce titre reflète ce que je raconte dans mon histoire... Elle m'a été inspirée par le groupe Indochine, qui me donne beaucoup d'inspiration pour mes nouvelles, car Alice au pays des Merveilles n'est pas la seule que j'ai écrite à venir d'un album d'Indochine. Je ne sais pas pourquoi ce groupe me donne autant d'idées, mais c'est agréable pour moi d'avoir un peu de matière même si ceux qui n'aiment pas Indochine, ne doivent pas apprécier mes nouvelles qui s'inspirent un peu de leurs chansons. Quand j'écrivais cette histoire (24 et 25 janvier 2009) j'écoutais en boucle l'album Alice et June, et j'étais complètement dans l'univers des deux jeunes filles torturées par leur vie. Déjà, l'album raconte un peu une histoire à lui tout seul, même si il faut interpréter la fin... Certaines personnes d'ailleurs ont écrit des fanfictions sur cet album, mais moi j'ai juste repris le nom du personnage principal et je l'ai mis dans l'univers que j'avais inventé pour lui. Par contre, j'ai mis quelques paroles de l'album, comme "un, deux, trois..." à part ça il n'y a pas d'autres liens avec cet album. C'est toujours une histoire triste mais avec la note d'espoir d'avoir une vie meilleure à la fin. J'ai essayé de changer de méthode d'écriture par rapport à ma première nouvelle en changeant de point de vue à chaque paragraphe, je trouve que ça fait classe! J'aime beaucoup cette histoire, je crois que c'est ma préférée! Quoique... je n'en ai pas vraiment, elles sont toutes bien!!

Alice au pays des Merveilles

"Une petite fille, un petit garçon, une petite fille, un petit garçon... Oh une petite fille! Que fais-tu ici ma belle? Es-tu perdue ma jolie? Veux tu que je t'aide petite princesse? Laisse moi t'aider, donne moi ta main, viens, suis-moi, je vais te guider, n'aie pas peur!"

"Maman? Où es-tu? Je me suis perdue, maman. Viens s'il te plaît. Inquiète toi pour moi. Aide moi. Ne me laisse pas. Aïe! Je suis tombée. J'ai mal aux genoux, je saigne. Qu'elle est cette ruelle sombre? Pourquoi me tend elle les bras? Je veux le savoir, je vais le découvrir! Qui est-ce? Il s'approche, il sourit, il a l'air bienveillant... Il me parle, il pose pleins de questions, il me dit pleins de mots doux. Personne ne m'a jamais parlé aussi gentiment. Il va m'aider, pour ça il faut que je le suive, je suis si heureuse d'être tombée sur quelqu'un d'aussi gentil, alors pourquoi ai-je si peur?"

"Bien, assis toi sur le fauteuil ma belle, je vais fermer les volets, fait comme chez toi! Enlève ton manteau, veux tu un chocolat chaud? Tu dois être frigorifiée, ma jolie."

"Est-ce un homme? On dirait. Pourquoi a-t-il du maquillage? Ce n'est pas grave ça lui va bien. C'est confortable chez lui, j'ai envie de dormir, il m'a dit que je pourrai dormir ici cette nuit, ça m'arrange bien maman. Surtout ne t'inquiète pas je vais bien."

"Alice? Où peux-tu être? Je m'en voudrais toute ma vie si on ne te retrouvait jamais! Tu es ma fille, tu es ma chair, ma chère enfant... Je ne veut pas te perdre, ton père te cherche, reviens à la maison je t'en supplie, fais attention aux inconnus... Je vais appeler la police, ton père refuse. Mon amour, mon Alice, papa ne veut pas, il a peur, il ne veut pas aller en prison... Comprends, reviens vite, je t'attends, mon enfant."

"Ahhh! Saleté de faux cils! Mon reflet dans le miroir, il ne ressemble à rien. Un côté homme, un côté femme. J'ai horreur de me démaquiller, pourtant toutes les femmes doivent endurer ça. Suis-je une femme? La petite sait que je suis un homme, elle a raison mais pourtant j'aimerais qu'on me confonde, qu'on me demande qui je suis, j'ai envie de semer le doute dans les esprits... Que dois-je faire? Suis-je condamné à rester femme dans ma tête et homme à l'extérieur? J'ai envie de crier, je dois me contenir, elle dort... elle est si mignonne!"

"Un, deux, trois, quatre... Où suis-je? Jolie maison, joli jardin, joli lit, jolie pièce. Je suis chez l'homme. Un, deux, trois... Mmm quelle est cette odeur? J'ai faim. Est-ce que j'ai le droit de me lever? J'espère. Il m'a bordé hier soir, pourquoi vous ne m'avez jamais fait ça? Papa, aimes tu cacher des cadavres? Maman aimes tu me laisser seule au milieu de la rue? Dois-je vous aimer? J'espère que non, vous n'êtes rien pour moi. Un, deux... La moquette est douce, je n'ai pas froid aux pieds, il m'a enlevé ma robe hier soir, elle est posée sur la chaise, je vais me faire belle pour le remercier de m'avoir recueillie, en plus je n'ai plus mal au genou, il m'a bien soignée. Un... Il est là, le pain grillé est là aussi. Ça sent bon, il se tourne vers moi, il n'a pas de maquillage, il n'est pas laid sans, il me fait un sourire, je vais essayer de lui en faire un aussi. J'ai faim, il me montre plein de confiture, c'est aussi bon que ça en a l'air."

"Alice as-tu passé la nuit dehors? Es-tu morte sous un pont? Où peux-tu être. Nous n'avons presque pas dormi de la nuit, nous pensons à toi. J'essaye de convaincre ton père, mais c'est lui ou toi, je ne veux pas choisir, je ne veux pas vous perdre, je voudrais ne jamais t'avoir quitté des yeux, c'est trop tard, bien trop tard. J'ai interrogé les voisins. Mauvaise mère. C'est ce que me disent leurs yeux, ils me poignardent, me font perdre mes moyens, m'enfoncent dans un trou qui se remplit peu à peu de sable, m'empêche de respirer, me donne envie d'étrangler la personne en face de moi. Je ne dois pas reproduire la même faute que l'année dernière, mon mari ne peut pas toujours réparer mes faux pas."

"Elle est si gentille, elle n'a pas parue surprise de me voir sans mon maquillage. Elle n'est pas comme les autres enfants du quartier, elle ne se moque pas de moi, ne me fuit pas, je ne lui fait pas peur. C'est la première fois qu'on me regarde sans surprise. Est elle naïve? Sûrement, elle m'a suivit chez moi, alors que je suis un parfait inconnu pour elle. Je me demande si j'ai bien fait, j'aurais tout simplement pu la ramener chez elle, je ne peux que m'attirer des ennuis, mais cette petite... si fragile, si naturelle, et pourtant de savoir qu'une enfant ne me rejette pas, donne à mon coeur des ailes, elle est mon soleil, en une soirée elle a changé ma vie, en bien ou en mal je ne sais pas... Mais aujourd'hui je devrais m'en débarrasser aussi attachante soit-elle."

"Est-ce ça l'amour? Je ne l'ai jamais connu, pourtant j'ai l'impression qu'il est entré dans mon coeur et disperse un onguent chaud et crémeux dans tous mon corps. Maman pourquoi tu n'as jamais pu en sept ans me donner ce que Tina m'offre en une journée. J'ai l'impression d'avoir été recueilli par un petit oiseau blessé qui a l'air fort, mais qui traîne sa peine avec lui. Je dois l'aider, mais il ne veut pas, il va me reconduire à la maison. Je sais de quoi il a peur, mais jamais papa n'irait à la police porter plainte. Je prépare doucement mon plan, je ne veux pas retourner à la maison. Tina a fait un gâteau au chocolat pour le dessert, c'est mon préféré, c'est bon."

"J'imagine ta silhouette frêle courir vers la maison, tu ouvrirais doucement la porte, et tu me sauterais dans les bras. Tu me raconterais à quel point tu as eu peur et que je t'ai manqué. Tu pleurerais sur mon épaule et j'irais chercher ton père, il te consolerait et pleurerait de joie lui aussi."

"Jamais je n'avais vu une chose pareille dans mon commissariat, un homme habillé en femme tenant une petite fille par la main. Dois-je leur faire confiance? L'homme dit l'avoir trouvée dans une ruelle sombre entrain de se faire embobiner par un vieux pervers, mais ne serait ce pas lui même? Il en a bien la tête. La petite fille acquiesce les paroles de l'homme, elle parle d'une petite voix fluette, il lui a sauvé la vie. Je me sens gêné il n'y a aucune petite fille portée disparu depuis hier. Elle sourit, elle me coupe le souffle, répond à toutes mes question sans hésitation. Sa mère a étranglé une femme et son père a caché le corps, elle est sereine. L'homme dit s'appeler Tina, il n'y a vraiment que des fous dans cette ville, il a l'air aussi surpris que moi. Nous devons partir en intervention chez elle, j'ai mal au coeur comme d'habitude, j'ai peur des bavures."

"Un, deux, trois, quatre, cinq, ciel! J'ai encore gagné. Tina n'est pas douée pour jouer à la marelle. Il est dans la lune, et moi dans le ciel. Je les vois derrière la porte, ils sortent, ils sont menottés tous les deux. Les policiers nous remercient, surtout moi. J'ai le droit à une faveur, je n'ai pas à chercher très loin je veux rester avec Tina. Les policiers me regardent bizarrement, mais ils acceptent. Tina me prend dans ses bras, ils sont si doux. J'aime sont parfum. Il me susurre des mots doux à l'oreille, je lui réponds, je t'aime."

"Alice, comment as-tu pu nous faire ça? Pars avec ce Tina, nous ne voulons plus de toi. Tu nous as trahis, et les larmes restent coincées dans ma gorge, car je te vois heureuse. J'ai le coeur blessé, ton père pleure doucement à mes côté dans la camionnette. Je n'ai pas été une mère très présente et compréhensive, mais que puis-je te dire? Si un jour je te revois je cracherai à tes pieds et je vomirai ma haine sur toi. La violence bouillonne en moi depuis toujours, ce sang coule dans mes veines et dans les tiennes aussi et sa on n'y peut rien, tu es sûrement aussi vile que je le suis... Si je pouvais te donner juste un conseil, ne fais pas les mêmes erreurs que moi, mon Alice... "

Fin

23 juin 2009

Premier acte : La Couronne

  Ma première nouvelle! Je l'ai écrite le 1er janvier 2009, l'année commençait fort! Je ne sais pas pourquoi j'ai eu envie d'écrire sur ce sujet, qui est plutôt... banal! Je crois que c'est parce-que j'ai vu des mésanges voler autour de la couronne, dans le froid. Raconter la vie d'une mésange, faire des descriptions, ça ne paraît pas très compliqué! Et pourtant... j'ai réussi à me tromper! Je ne me suis aperçue qu'une fois l'histoire finie que les mésanges ne vivaient pas dans des nids. Je me suis posée la question si je la récrivais en changeant ce passage, et finalement j'ai décidé que ce n'était pas la peine. Car de toute façon ce n'est pas si important que cela comme détail. Je ne pense pas que les gens qui liront cette histoire soient des experts en mésanges (à part Papa qui m'a fait remarquer mon erreur...)! Même si comme d'habitude, j'ai écrit quelque chose de triste, je me suis bien amusée à écrire cette nouvelle car c'est une histoire courte, facile à raconter comme je connaissais déjà la fin, puisque je me suis basée sur des faits réels. Puis, c'est motivant quand on arrive à écrire un texte pas mal en une journée! Je suis fière de moi dans l'ensemble! Certaines personnes remarqueront peut-être que ce n'est pas la même introduction qu'avant, et c'est normal, car j'ai malencontreusement effacé mes nouvelles du blog pour corriger en grande partie les fautes d'orthographe, sauf que j'avais complètement oublié que mes introductions n'étaient que sur mon blog. Donc je suis obligée de les récrire... Maintenant vous comprendrez que les introductions sont beaucoup moins bien que les précédentes, car depuis le temps, j'ai oublié ce que j'avais écrit. Voilà, mille excuses, et bonne lecture!

La Couronne

  L'hiver promettait d'être rude; au mois de décembre, les bords du nid étaient déjà couverts d'un givre blanc et glacé. Je me serrai contre ma compagne dans l'espoir de produire plus de chaleur, je n'avais aucune crainte, notre nid était solide et bien isolé grâce à la mousse du vieux saule que j'avais récupérée cet automne. Le soleil était en train de se lever, baignant le jardin de sa douce lumière hivernale. Le givre était partout, la pelouse était blanche, ainsi que le toit de la maison et sa terrasse. Une brise légère mais glaciale balançait quelques branches autour de nous. Notre voisin le rouge-gorge se posa sur la rambarde de l'escalier menant à la terrasse, et siffla une mélodie gracieuse et entraînante qui acheva de me mettre de bonne humeur.

Ma compagne se réveilla et blottit sa tête contre ma poitrine en ouvrant les yeux. Son ventre jaune pâle, une raie noire sur le dessous, son plumage gris-vert avec des reflets bleus sur le dos et ses yeux noirs perçants... Voilà en quelques mots son portrait, je crois ne pas avoir besoin d'ajouter qu'elle était la plus belle mésange du jardin! Je l'avais rencontrée dans ce jardin il n'y a que quelques mois et elle m'avait hypnotisé, nous avions de suite créé notre bonheur, vivant au jour le jour au fil des saisons sans se poser de questions. Elle se leva et se posa avec grâce sur le rebord du nid, je la suivis et fis attention de ne pas me tordre une aile en sortant de notre cachette. Nous volâmes dans le jardin, ou déjà quelques animaux résistant à l'hiver s'activaient à leurs tâches quotidiennes. L'air frais nous ébouriffait les plumes, nous donnant un sentiment de liberté jamais égalé.

La maison était habitée. Cette famille pendait, aux branches des arbres, des couronnes de graisse avec des graines incrustées dedans. C'était pour nous. Nous les oiseaux qui ne risquions pas de mourir de faim grâce à eux. Bien sûr il y avait foule, les rouge-gorges, merles et autres oiseaux venaient aussi se restaurer mais cela ce passait dans la gaieté des jours de fête. Nous nous posâmes à terre, sautillant sur nos pattes pour éviter de geler, le froid nous montait à la tête. Nous repartîmes, saluant tous les êtres vivants que nous rencontrions avant de nous poser près de la couronne, de saisir une graine et de partir la décortiquer sur une branche proche. Nous la tapions de notre bec avant d'engloutir le délicieux met qui nous permettait de survivre à la rude saison. Après cette balade matinale nous retournâmes au nid qui nous attendait caché dans un creux de la haie. Les minutes passaient vite, nous nous chamaillions gentiment pour nous réchauffer quand un bruit venant du pavillon nous fit redresser la tête.

Attentif au moindre mouvement, à l'affût d'un danger quelconque, nous regardâmes les volets du rez-de-chaussé s'ouvrir lentement, grincer un peu et le chat de la maison sortir et se diriger vers les escaliers de la terrasse. Il sortit de la propriété et s'en fût chez les voisins. L'homme referma la porte-fenêtre en frissonnant. Nous nous serrâmes l'un contre l'autre et nous nous assoupîmes quelques minutes. Je sentis ma compagne s'ébouriffer à mes côté, elle était engourdie par le froid, elle voulait allez rechercher une graine à la couronne. Maintenant que le chat était dehors je répugnais à la laisser sortir seule. Elle réussit à me convaincre. Car après tout elle volait bien plus haut qu'un chat! Et elle allait juste chercher une graine! Je la regardais prendre son envol, faire quelques tourbillons pour saisir le sens du vent, et se diriger vers la couronne. Elle tourna autour pour trouver la plus belle graine, une autre mésange charbonnière était là, elle s'envola dès qu'elle vit ma compagne. Pourquoi partait-elle? Mon coeur se serra en comprenant pourquoi.

Trottinant comme un roi, la tête haute, il sautillait levant haut ses pattes avec souplesse en montant les escaliers. Le félin lui jeta un regard plein de gourmandise, s'arrêta en cherchant le meilleur angle d'attaque et se décida. J'aurais voulu la prévenir, aller la chercher, la faire se retourner pour qu'elle voit ce qui l'attendait si elle ne réagissait pas tous de suite... Je le vis poser ses pattes de velours sur l'herbe, aussi silencieux qu'un fantôme, aussi dangereux qu'une arme, aussi gracieux que la brise, il s'approchait. Réduisant la distance à chaque seconde, il se coucha à plat ventre dans l'herbe humide, ses yeux se réduisant à deux fentes noires et cruelles, replié, prêt à bondir. Comme si elle avait eu un pressentiment, comme si elle avait senti le danger mortel qui la menaçait, elle réagit. Trop tard. Le chat avait bondi, la saisissant entre ses griffes acérées, la jetant au sol avec barbarie. Je sentis mes yeux se couvrir d'un voile humide, et là, comme une promesse, je la vis bouger entre ses pattes. Faiblement.

Avait-elle une chance de s'en sortir? De s'envoler et de me rejoindre en me racontant comment elle avait eu peur? Non. Elle ne bougerait plus. Le chat l'avait saisie entre ses crocs et la portait jusque sur la terrasse. Il commença à la manger. Alors qu'elle était encore vivante! Arracher ses plumes si belles, la mordre, la déchiqueter. Le sang de celle qui fut l'amour de ma vie se répandit dans la bouche de son prédateur, et enclencha un déclic en moi. Une trappe cachée dont j'ignorais l'existence s'ouvrit et déversa sur mes épaules une tristesse. La tristesse. Celle d'avoir perdu l'être aimé. Celle d'avoir perdu votre seule famille. Celle d'être maintenant seul, sans personne pour vous guider, pour vous aider, pour vous soutenir dans les moments difficiles. Celle qui vous donnerez envie de partir à sa recherche dans un autre monde, de la rejoindre. C'est pourtant si grotesque de mourir de cette manière. D'être mangé par un animal qui a une maison, et une assiette remplie tous les jours.

Pourquoi? Je ne connais aucune réponse aux multiples questions qui m'assaillent ni ce que je vais devenir. En tout cas ma compagne n'est plus qu'une carcasse au fond de l'estomac d'un chat. Je devrais m'habituer à vivre sans elle... Mais une chose est sûre, pourrais-je encore retourner à la couronne où ma chère amie a perdu sa vie?

Fin

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21 juin 2009

Blog ne rime pas forcément avec drogue

   Un blog c'est fait essentiellement pour parler de soi même, mais pourtant je ne le ferai point. Premièrement parce-qu'il n'y aura sûrement que des gens qui me connaissent qui viendront traîner en ce lieu, donc je ne vois pas l'intérêt de parler de moi à des gens qui me connaissent et deuxièmement même si j'avoue avoir une vie très active et pleine de rebondissements (hihihi), ma vie n'est pas aussi intéressante que les fictions sous formes de nouvelles que je vais poster. Et, troisièmement, tout simplement pour ne pas faire comme les adolescentes de notre monde si beau qui dépeignent leur vie comme horrible : "Oh mon Dieu! Je n'ai pas assez d'argent pour m'acheter le nouveau fond de teint que j'ai vu à la TV! C'est une tragédie! Je vais de suite faire une tentative de suicide pour que mes parents me donnent un peu d'argent!" Et ce n'est presque pas une caricature! C'est le genre de chose que les adolescents écrivent sur leur blog Skyrock et même si c'est de ma génération, je ne me retrouve plus vraiment dedans. Je trouve ça trop superficiel, même quelqu'un d'honnête qui a un blog sur Skyrock ne se fera jamais prendre au sérieux (en tous cas c'est mon avis). C'est donc pour sauver mon honneur, faire partager ma bonté et mon humour à casser des briques que j'ai décidé de passer à un niveau supérieur et de consacrer un blog à mon naturel savoir-faire de conteuse... Car ici même où vous êtes entrain de lire ces mots vous allez pouvoir au fur et à mesure de mes mises à jour, lire les nouvelles que j'ai écrites. J'aimerais que l'on me dise franchement ce qui va et ce qui ne va pas, et je crois aussi que vous apercevrez quelques fautes d'orthographe qui seront apparues ici contre ma volonté... et ce serait d'ailleurs très gentil de me les signaler! Je vais préciser aussi que tout les textes m'appartiennent (j'ai le droit d'auteur) et que personne n'a le droit de se les approprier, ou d'en faire une citation sans que l'adresse de ce blog n'apparaisse. Vous serez sûrement nombreux à me dire (et ce serait une remarque très constructive de votre part) : "Pourquoi mets tu tes textes sur internet si tu as peur qu'on se les approprie contre ton grès?" Certes, mais j'ai longuement réfléchi et ça m'est vraiment nécessaire car certaines personnes (elles se reconnaîtront) ne pourraient lire ces textes sans ce blog. Voilà...

J'aimerais maintenant expliquer le titre que j'ai donné à ce message car bien sûr la drogue ne fait pas vraiment partie de mon quotidien... Mais une drogue peut être un tas de trucs. Et je pense être dépendante de certaines choses. Malheureusement même si la lecture et l'écriture sont pour moi comme une drogue, je ne mettrai sûrement pas ce blog à jour très souvent! (Je ferai des efforts quand même!) J'espère avoir assez bien expliqué le titre! Non? Tant pis...

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